mercredi 3 janvier 2007

Un an de plus



Un livre de 1763 chiné sous le regard de la Collégiale Sainte Waudru et un fossile piégé depuis 300 millions d’années dans les sédiments remontés à la sueur de l’homme sur un terril que j’aimais arpenter au temps où il ne s’écoulait pas trop vite.

Le temps a toujours constitué une contrainte indomptable. Les divisions du temps en heures, en journées, en semaines créent autant d’entraves à ma liberté. Dès l’enfance, nous sommes conditionnés à vivre en fonction de cette division du temps qui passe. Conditionnés à presser le pas pour prendre le bus scolaire et ensuite à monter dans sa voiture au plus tard à telle heure après l’avoir déterminée, cette fichue heure fatidique, par un savant calcul de probabilité sur la durée du trajet en tenant compte des paramètres variables de la météo, du trafic et de l’éternel bouchon. Le temps et ses disciples ne servent qu’à nous exaspérer. Générateur d’angoisse, le temps et le besoin de possession matériel auquel il s’est intimement lié d’amitié nous gâchent la vie.
Et pourtant, il y a nécessairement des astuces pour l’immobiliser, pour l’amarrer au quai de la vie pour que nous fassions escale. Juste quelques heures… Et revoilà cette notion de période qui revient même quand je la chasse. Disons donc : juste un moment. Entité plus vague mais dont l’ondulation s’accorde bien avec le quai.
Qui sait ? Peut-être que ce vieux bouquin de 244 ans et ce fossile de 300 000 millions d’années ont-ils trouvé le moyen de ne plus se subordonner au dictat du ruissellement du temps. Ruissellement qui à la longue d’une vie devient une vraie inondation qui nous submerge.